Numerique : Quel poids dans l'économie en Bretagne ?

la bretagne : le déclin du secteur agroalimentaire ?

En octobre 2013, la crise en Bretagne a fait la Une des médias nationaux. Mesures fiscales, plans sociaux et restructurations touchent le secteur de l’agroalimentaire. Entre 2008 et 2012, plus de 1 769 emplois ont été supprimés dans ce secteur. D’un autre côté, un mouvement social, qui se baptise les Bonnets rouges, remet en cause le principe de l’écotaxe. Le démontage du portique de Pont-de-Buis est l’une de leurs premières actions. La mobilisation massive de la Bretagne pousse le gouvernement à créer en décembre 2013 le Pacte d’avenir pour la Bretagne, qui vise à anticiper et accompagner les mutations sociales et industrielles dans la région.

Face au déclin du secteur de l’agroalimentaire en Bretagne, aux suppressions d’emplois dans le secteur de l’automobile ; le secteur du numérique peut-il s’y substituer? Quelle est aujourd’hui la part de la filière du numérique dans l’économie bretonne ?

Ce projet a été réalisé grâce à des données provenant des URSSAF qui ont été déclinées par commune et par activité (code APE). Afin de traiter les secteurs cités, la nomenclature utilisée pour identifier le numérique provient de la CCI de Rennes, celles utilisées pour l’agroalimentaire et l’automobile de la CCI de Rouen.

l'agroalimentaire, au coeur de l'emploi

L’agroalimentaire, un des principaux employeurs de Bretagne, représente l’un des piliers économiques de la région avec 7,6% des emplois.

Le numérique, force active de la région, compte 4,2% des effectifs de la région, faisant de lui l’une des cinq premières industries bretonnes. Néanmoins, les données traitées étant celles de 2012, elles ne prennent pas en compte la crise connue en 2013.

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numérique

32 632

employés, soit

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4,2%

agroalimentaire

59 384

employés, soit

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7,6%

automobile

8 080

employés, soit

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1,0%

du total

de

776 367

employés bretons

Sources : données URSSAF

déclin de l'automobile, stabilisation du numérique

selected not selected not selected not selected not selected

-2,9%
depuis 2008

-3,5%
depuis 2008

-24,7%
depuis 2008

Après une phase de déclin entre 2008 et 2010, où 1 690 emplois ont été supprimés, soit une baisse de 5,0%, le numérique se stabilise avec la création de 524 emplois entre 2010 et 2012.

Depuis 2008, le secteur de l’automobile connaît des difficultés. De 2008 à 2010, le nombre d’emplois décroit de 22,3 %. Cette tendance prend fin en 2010 avec une stabilisation des effectifs entre 2010 et 2012 et une baisse de 3,1%.

L’agroalimentaire reste stable sur la période 2008-2012 avec une diminution des effectifs de 2,9%.

À noter : les données traitées ne prennent pas en compte la crise de 2013.

Sources : données URSSAF

où se situe le numérique en Bretagne ?

Surtout implanté dans les métropoles bretonnes et leurs périphéries, le numérique est aussi présent dans chaque département. Cette répartition est largement favorisée par l’essor de l’informatique, favorable aux micro-structures. Cependant, le centre Bretagne recense peu d’établissements.

Sources : données URSSAF

l’agroalimentaire : plus présent que le numérique

Depuis plusieurs années, le secteur de l’agroalimentaire est l’un des piliers de la Bretagne. Avec 7,6% des emplois en Bretagne, il reste l’un des principaux employeurs de la région.

L’agroalimentaire omniprésent

En Bretagne, entre 2008 et 2012, l’évolution des emplois dans les secteurs de l’agroalimentaire, de l’automobile et du numérique est relative. Géographiquement, l’agroalimentaire est ommniprésent sur le territoire. Le numérique quant à lui est concentré dans les métropoles et leurs périphéries.

“L’informatique génère moins d’emplois que l’électronique ou les télécoms - ce qui explique le règne des micro-structures et la difficulté de fédérer ce paysage morcelé, surtout en Bretagne où le caractère péninsulaire doit être intégré” explique Yann Dieulangard, chargé de mission à la Mission pour l'Electronique, l'Informatique et les Télécommunications de l'Ouest. L’agroalimentaire garde sa place d’acteur économique majeur avec 59 384 emplois en 2012, face à 32 362 emplois pour le numérique.

Pour toutes ces raisons, il semble difficile de croire que le numérique puisse se substituer à l’agroalimentaire.

Numérique : une définition difficile

L’URSSAF peine à définir de manière précise le secteur du numérique qui ne dispose pas de code APE propre à cette activité. Certains observatoires, tels que la MEITO, tentent d’en préciser les contours. Yann Dieulangard précise : “Pour définir le numérique, aujourd'hui si répandu qu'il nous semble vain d'en dessiner les contours, le plus simple serait peut-être de voir...ce qu'il couvre pas.” La MEITO propose sa propre sélection d’entreprises du numérique, qu’elle décompose en télécoms, électronique, informatique et autres.

une croissance du numérique nuancée

Sur la période 2012-2013, seul le secteur des télécoms connaît un déclin. Cette baisse en effectif nuance la croissance globale du numérique, bien que les autres filières connaissent une hausse en effectif.

global

2012 : 46 213 employés
2013 : 46 618 employés

électronique

2012 : 12 819 employés
2013 : 13 158 employés

informatique

2012 : 14 483 employés
2013 : 14 841 employés

télécoms

2012 : 12 672 employés
2013 : 12 433 employés

Sources : données MEITO

des spécificités départementales

télécoms 57,0%

éléctronique 25,7%

informatique 17,3%

éléctronique 49,5%

informatique 26,9%

télécoms 23,6%

informatique 42,1%

éléctronique 29,0%

télécoms 28,9%

informatique 49,2%

éléctronique 33,3%

télécoms 17,5%

En Bretagne, chaque département a une filière du numérique privilégiée. Ainsi, les télécoms sont sur-représentés dans les Côtes d’Armor, notamment avec les entreprises basées à Lannion, tandis que l’informatique domine dans l’Ile et Vilaine et le Morbihan. L’éléctronique, quant à lui, est implanté majoritairement dans le Finistère.

Sources : données MEITO

des effectifs hautement qualifiés

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total

61,4%

d'ingénieurs

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informatique

81,7%

d'ingénieurs

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télécoms

64,5%

d'ingénieurs

Le numérique présente une typologie de l’emploi particulière qui favorise les emplois qualifiés. Les ingénieurs y sont sur-reprentés, notamment dans les filières de l’informatique et des télécoms.

Sources : données MEITO

vers un croisement des filières

“En l’espace de 15-20 ans l’informatique est devenu le principal fournisseur de richesse économique et d’emploi du secteur [en Bretagne]” , d’après Yann Dieulangard. Si le numérique représente une part importante dans l’emploi, celle-ci est largement inférieure à celle de l’agroalimentaire. Cependant, le numérique bénéficie d’une dynamique plus importante notamment dans certains secteurs comme l’informatique et l’électronique à l’inverse de l’agroalimentaire bretonne dont le modèle s’épuise. Alors que l’agroalimentaire est majoritairement composé d’emplois peu qualifiés, le numérique est caractérisé par des effectifs qualifés avec notamment, une sur-représentation des ingénieurs. Ainsi, il est peu concevable que les emplois perdus dans l’agroalimentaire soient reclassés dans le numérique.

Les points forts du numérique breton : cyberdéfense et objets connectés

Répondant aux tendances actuelles et sujet phare du CES de Las Vegas, les objets connéctés sont une force de la filière numérique bretonne. Yann Dieulangard spécifie : “Les objets connectés, nous savons faire ! Prenez une carte électronique munie d’un capteur, ajoutez-lui une couche de communication et une couche informatique – embarquée et de haut niveau. Vous avez un objet connecté.”

La cyberdéfense se présente également comme un secteur d’avenir, appuyé par la récente présentation de Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense. “Le Pacte Cyber Défense positionne notre Région comme la référante en France dans ce domaine, nous avons peut-être là l’initiative tant recherchée depuis les années 80” selon Yann Dieulangard.

Quel avenir pour le numérique en Bretagne ?

Grâce à des atouts historiques - formation, recherche et developpement, volonté politique, présence de plus de 3 000 établissements TIC (Technologie de l’Information et de la Communication) - le numérique breton dispose de nombreux atouts pour se développer en France. Mais l’avenir du numérique breton ne peut être envisageable sans prendre en compte les autres filières bretonnes. Ainsi selon Yann Dieulangard : “De façon moins spectaculaire mais tout aussi structurante, nous pouvons développer notre avantage compétitif en multipliant les actions de « croisement de filières ». Il s’agit d’identifier des moteurs de compétitivité intégrant le numérique pour des domaines d’application importants pour la Bretagne - Agriculture et Agroalimentaire, Mer Naval & Nautisme, Energie, Véhicule, Biotechs….” Le numérique ne devrait donc pas remplacer l’agroalimentaire en tant que filière, mais plutôt l’aider à se maintenir et se transformer.

Un projet réalisé en partenariat avec Le Mag Numérique Rennais
dans le cadre des ateliers HYBLAB.

Site réalisé par :

développement:

  • Sabrina LAIMENE
  • Guillaume ROUSSET
  • Baicheng YU

éditorial:

  • Anne-Laure JUIGNÉ
  • Marie LECLERCQ
  • Aude LE MEUDEC
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