open data

où en est l'ouest ?

un vent d'ouest

Un vent d'ouverture s'est profilé sur quelques zones de France depuis quatre années. Rennes, capitale bretonne, a été l'une des premières à ouvrir ses données publiques. Depuis, qu'en est-il de l'Open Data dans le Grand Ouest ? Est-ce que la taille des villes est déterminante dans la décision de libérer massivement les données ? Quelles sont les thématiques phares ? Et quels types d'applications ont été créés et sur quels supports ? C'est en partant de ces interrogations qu'est née l'idée d'une réponse cartographiée permettant de visualiser cette avancée des collectivités dans le numérique citoyen.

l'open data en question

L’Open data : nouvel eldorado économique ou grand pas pour le citoyen ?

Transparence. Qu’y a-t-il derrière ce mot ? L’apparition de l’Open Data est une première réponse. Traduction pour les anglophobes : l’ouverture de données. Depuis 2007, les actions et le lobbying de la "Sunlight Foundation" (association américaine) ont fortement contribué à la mise à disposition publique des données. Comme eux, de nombreux acteurs citoyens et associatifs à travers le monde militent pour une transparence démocratique. Selon ces derniers, ce mouvement popularisé auprès de la société civile permettrait de "renforcer la démocratie et la cohésion sociale, dynamiser la vie publique et développer la citoyenneté". Et ça marche ! Pour preuve, cette initiative a influencé la campagne de Barack Obama et les politiques n’ont plus que ce mot à la bouche depuis 2009, suite à son projet "Open Government Initiative".

Vains babillages populistes ou réelle innovation dans la sphère politique ? À croire qu’on nous donne le sésame pour connaître les méandres de l’Hexagone sans aucun filtre. Mais l’ouverture des données ne date pas d’hier, qui plus est en France. Depuis 1978, la loi Cada donne en effet aux citoyens un droit d’accès aux données. Comme souvent un peu à la ramasse, nos chers Français ont cherché à surfer sur la vague américaine de la libéralisation des données, avec le Grand Ouest en premier explorateur. Ainsi, avec six mois d’avance sur Paris, Rennes Métropole s’est lancée dans l’aventure en juin 2010, suivie par Montpellier en mars 2011 et Nantes en décembre 2012. Avec malgré tout un statut de précurseur en Europe. Cocorico !

D’autant que d’après l’étude "Big and open data in Europe – A growth engine or a missed opportunity ?" commanditée par Microsoft, le Big (données massives) et l’Open Data injecteront 206 milliards d’euros dans l’économie européenne en 2020. Certes, on est loin des 1 100 milliards de milliards de dollars (soit 720,5 milliards de milliards d’euros) générés pas l’Open Data de nos ricains, mais progressivement, la french touch ouvre, elle aussi, ses portes blindées.

l'Open Data de métropoles françaises

maps of France

Cliquer sur la ville pour obtenir plus d'informations

sélection des villes non exhaustive

Les jeux de données des villes sélectionnées proviennent du site data.gouv qui offre des données d’envergure nationale. Ces villes ont été retenues pour leur ressemblance démographique avec les villes de Nantes, Rennes, Angers ou du Mans.

nombre de jeux de données

shadow

ratio de données pour 100 000 habitants

shadow

thématiques des jeux de données

shadow

et l'ouest ?

grand ouest

cliquer sur les départements pour afficher les informations

carteVide

image département

Les informations recensées pour l’Ouest ont été collectées sur les plateformes Open Data de chacune des collectivités locales concernées.

interviews

Aller vers une plus grande ouverture

Claire Gallon, cofondatrice de l'association LibertTic qui promeut l'ouverture des données en France, revient sur le mouvement Open Data dans l'Ouest.

Promouvoir l'Open Data auprès des citoyens

Interview de Simon Chignard Auteur et conférencier (open data, infomobilité)

Quels sont les usages des données ouvertes ?

"Il y a au moins quatre usages possibles des données ouvertes : la consultation (par exemple consulter directement une donnée brute pour savoir combien il y a de policiers municipaux dans ma ville), la médiation (comme réaliser une datavisualisation), la réalisation d'applications mobiles ou web (telles que des applications iPhone), la réutilisation spécialisée (par exemple quand une entreprise ou un particulier utilise une donnée pour faire un calcul ou améliorer un processus)."

Pensez-vous que cela puisse intéresser les citoyens ?

"Bien sûr, selon les thématiques qui sont traitées par les données. Par exemple, les données concernant les prénoms les plus populaires sont très consultées sur les portails Data. Il faut cependant mettre en place des dispositifs qui permettent aux citoyens de découvrir les données et de ses les approprier. Les lieux de type 'Infolab' peuvent être dédiés à cela, vous pouvez vous référer à mon article de blog sur ce sujet : "L'Open Data et le grand public, on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre"."

Quelles sont les données, les thématiques qui intéressent le plus ?

"Cela dépend du type de réutilisateurs. Les développeurs et les profils techniques sont très intéressés par les données liées aux transports et aux déplacements (horaires de bus, disponibilité en temps réel des vélos en libre-service, etc.). Les datajournalistes s'intéressent plutôt aux données statistiques ou budgétaires, par exemple le classement des 100 premières polices municipales de France, la localisation des accidents de la route, ou encore la représentation du budget de l'État. Tout cela peut être réalisé à partir des données ouvertes publiées par les collectivités et l'Etat. Enfin, le citoyen s'intéresse davantage aux données liées à sa commune ou à sa vie quotidienne : par exemple les prénoms les plus populaires, la liste des associations subventionnées, et tout ce qui concerne le patrimoine (bâtiments historiques, etc...)."

Que faudrait-il faire pour améliorer la démarche Open Data ?

"Il faudrait encourager l'interaction entre les producteurs (ceux qui produisent de la donnée, acteurs publics et privés) et les réutilisateurs de données. De plus, mettre en place des lieux et des parcours dédiés à la donnée, des Infolabs sur le modèle des Fablabs, ainsi que mieux faire connaître l'offre de données qui existe déjà en ligne."

La démarche Open Data à Nantes

Interview d'Alexandre Cherré et son équipe, community manager à Nantes Métropole.

Est-ce que l'Open Data a été difficile à mettre en place dans votre collectivité ?

"L’Open Data nantais a démarré sous l’impulsion de Jean-Marc Ayrault en 2011 en lien avec l’association LibertTic. L'objectif était d’améliorer les services aux habitants et de faciliter le développement d’applications innovantes. Une organisation dédiée a été mise en place afin de permettre l’ouverture d’une première version de la plateforme en quelques mois. Si Nantes n’était pas la première collectivité à ouvrir ses données, le sujet demeurait neuf et plusieurs questions, dont certaines exigeaient une réelle expertise, devaient être débattues : le choix de la licence sous laquelle les données seraient ouvertes, la question de la facturation ou de la gratuité des données libérées, le contrôle éventuel de la fiabilité des réutilisations, le choix ou non d’orienter les données ouvertes vers des services dont l’intérêt était préalablement identifié par la collectivité et les choix d’animation de la communauté de réutilisateurs (travail en coproduction avec l’association LibertTic). À cela s’ajoutait la mise en œuvre d’un mode de pilotage adéquat permettant d’associer la Direction Générale et les directions compétentes sur les divers sujets concernés (informatique, communication, innovation, promotion, thématiques)."

Quels sont les usages des données libérées ?

"Les données libérées par Nantes l’ont été selon 3 thématiques prioritaires : la mobilité en liaison avec l’optimisation de la politique de déplacements sur l’agglomération, l’environnement avec Nantes Capitale Verte 2013, la culture et le tourisme en association avec les événements Voyage à Nantes. À ces trois thématiques prioritaires initialement définies est venue s’ajouter celle du budget que Nantes a ouvert dès 2012. L’appel à projets « Rendez-moi la ville plus facile » organisé en 2012 par Nantes a permis de se rendre compte de la diversité des réutilisations possibles puisque 121 dossiers de candidatures avaient été déposés à cette occasion (dont 52 % en provenance des particuliers et des associations, 26 % d’entreprises et 22 % d’étudiants). Les principales réutilisations connues par nos services concernent principalement les données de mobilité, notamment grâce à des développements d’applications mobiles (Statiophone, Naoned Bus, Open Nantes). Elles s’appuient en général sur les flux de données mis à jour en temps réel sur la plateforme Open Data qui donnent le nombre de places disponibles dans les parkings publics, des temps de parcours sur des tronçons de l’agglomération ou encore des informations de fluidité du trafic routier."

Pensez-vous que cela puisse intéresser les citoyens ?

"L’ouverture des données permet de développer le tissu économique local et d’améliorer les services rendus aux usagers et entreprises du territoire. L’objectif de la démarche Open Data est un choix politique et répond à un enjeu de transparence et une certaine conception de coconstruction de la ville : la transmission, le partage et la réutilisation de ces données dématérialisées favorisent, à terme, l’innovation et l’activité tout en améliorant la vie quotidienne des habitants. Il est vrai que le portail Open Data ne connaît pas l’affluence d’un site grand public. Toutefois, le forum mis à disposition, les événements organisés autour de la démarche et le nombre de services développés laisse à penser que cette démarche intéresse de plus en plus les citoyens. Les récentes ouvertures de données sur les résultats des précédents scrutins électoraux à Nantes ou sur les bureaux de vote alimentent par exemple les travaux d’associations, de collectifs et de citoyens dans la perspective du prochain scrutin municipal."

Quelles sont les données, les thématiques qui intéressent le plus ?

"Les données les plus téléchargées sont celles de la thématique ‘Mobilité’ (localisation des équipements publics, services – horaires - tarifs, données TAN), et plus particulièrement les flux de données temps réel qui se prêtent bien au développement de services mobiles innovants. Mais les données ouvertes dans la thématique ‘Environnement’ suscitent également de nombreux accès (déchetteries, jours de collecte des déchets, tri’sac)."

Qu'est-ce qu'il faudrait faire pour améliorer la démarche Open Data ?

"Les pistes d’amélioration de la démarche Open Data sont les suivantes : développer d’avantage l’ouverture des données auprès du plus grand nombre de villes, métropole et collectivités locales, améliorer l’interopérabilité des données ouvertes par différents acteurs du territoire afin que les services développés aient une portée qui ne soit pas uniquement locale, renforcer les animations autour des données libérées sur le territoire et les relations avec les réutilisateurs de nos données, répondre plus efficacement aux demandes des citoyens et optimiser les circuits de production et de mise à jour des données, pérenniser les applications et les services développés autour des données ouvertes (modèle économique à trouver)."

Et concrètement quelles est votre mission aujourd'hui ?

"C’est dans ce contexte que Nantes Métropole et la Ville de Nantes font partie des membres fondateurs de la récente association Open Data France (http://opendatafrance.net) dont la mission est de regrouper et soutenir les collectivités engagées activement dans une démarche d’ouverture des données publiques et de favoriser toutes les démarches entreprises par ces collectivités dans le but de la promotion de l’open data en France."

A noter que le portail Open data a valu aux collectivités le prix Gazette des Communes, remis en novembre dernier.

l'open data en application

rengo logo

application mobile gratuite qui indique en temps réel les horaires et disponibilités de nombreux services de transports rennais (trains, bus, vélos, parkings, etc.). Cette application est également disponible pour les villes de Nantes, Bordeaux, Strasbourg...

naoned bus logo

application mobile gratuite pour Android permettant de consulter les horaires des transports nantais (réseau Tan, disponibilité des bicloos et parkings de la ville).

foglo logo

application web gratuite et nantaise qui fournit aux utilisateurs un tableau de bord regroupant divers services (météo, Tan, parkings, qualité de l'air, twitter, facebook, rss, ...).

handimap.org logo

application web gratuite qui permet de calculer des itinéraires accessibles aux personnes à mobilité réduite dans la ville de Rennes (ainsi que Montpellier).

Open Data dans l'Ouest : donnant-donnant, gagnant-gagnant

Pionnier de l’Open Data en France, l’Ouest est toujours une référence à l’échelle nationale. Rennes Métropole, qui a eu la primeur dans l’ouverture des données publiques en juin 2010, se voit aujourd’hui imitée par des villes comme Strasbourg, Paris, Montpellier ou Bordeaux.

Et si Paris propose davantage de jeux de données ouverts, le ratio de données par habitant reste plus important à Rennes. D'après les données analysées, les grandes villes ne semblent pas plus actives que des villes moyennes, proportionnellement au nombre d'habitants.

Environnement, citoyenneté, culture et tourisme sont les principales thématiques des données ouvertes par les collectivités analysées. Dans le Grand Ouest, l'essentiel des données ouvertes par la ville d'Angers porte sur le logement quand Nantes se concentre sur la mobilité. Reflet d'une volonté politique forte ou du bon vouloir des services concernés ? Le lien entre le nombre de jeux de données et les thématiques concernées par l'Open Data reste à définir.

Focus sur les applications. Là encore, Rennes devance Nantes avec 24 applications développées grâce à l'Open Data, contre seulement 18 pour la Cité des Ducs. Mais le match se resserre. Plus de 50 % de ces applications réutilisent des données sur la mobilité.

Plus de trois ans après l’ouverture des premières données à Rennes, le phénomène a pris de l'ampleur, et semble répondre à des attentes concrètes des citoyens. Cependant, il reste encore beaucoup à faire pour que les données libérées soient de qualité équivalente et sur des thématiques comparables entre les différentes villes. Pour plusieurs acteurs de l'Open Data, le dialogue entre diffuseurs de données et réutilisateurs mériterait d'être approfondi afin de dépasser le stade de l'initiative et de l'affichage politique. Forts de leurs échanges, ils incarneront un duo gagnant et garant d’un avenir prometteur pour l’Open Data dans l’Ouest.

Terristoire Ouest Médialab AGR, L’école de l’Image Polytech'Nantes ScienceCom Orange Région Pays de la loire Université de Nantes
Creative Commons Open source initiative Etalab gouv

Un projet issu des ateliers du Hyblab datajournalisme

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